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Sainte Barbe à l'église de Vétheuil

Sainte Barbe

 

Barbe dérive du latin "les barbares".
Que sait-on de cette sainte, demeurée si populaire, spécialement comme patronne des sapeurs-pompiers et des artilleurs ? C'était une jeune chrétienne qui fut martyre, sans doute au IIIe siècle. Sa popularité provient de sa légende, surtout à partir du IXe siècle dans les Pays-Bas, en Belgique, dans le nord et l'est de la France. Cette légende impressionnante rapporte que Barbe ou Barbara, jeune fille de la noblesse, belle et riche, se serait convertie au Christianisme contre la volonté de son père Dioscore. Celui-ci, furieux, l'aurait emprisonnée dans une tour du château, mais elle s'obstina et persévéra dans sa foi. Dioscore mit le feu à la tour mais il retrouva sa fille indemne. Il la fit alors décapiter ! Or le feu s'éteignit, la foudre tomba sur lui et le réduisit en cendres. C'est ainsi que sainte Barbe sera invoquée contre la mort violente et qu'elle est devenue la patronne des "soldats qui luttent contre le feu".

Quant au berger qui l'a dénoncée, il est changé en pierre et ses moutons en sauterelles.

Quand les chrétiens viennent demander le corps de la jeune martyre, ne voulant ni utiliser son prénom païen ni se dévoiler en utilisant son prénom de baptême chrétien, ils ne peuvent en parler que comme « la jeune femme barbare », d'où le nom de Barbara qui lui est donné.

Les empereurs byzantins vénéraient particulièrement ses reliques qu’ils firent transférer au vie siècle à Constantinople. Une partie fut emmenée en Italie par les Vénitiens, et une autre au xie siècle par la fille d’Alexis Comnène à Kiev, où elles se trouvent toujours à la cathédrale Saint-Vladimir de Kiev.

« Parmi les légendes des saints de l'antiquité chrétienne, la vie de sainte Barbe est l'une de celles qui rencontrèrent la plus grande audience tant en Orient qu'en Occident. Il serait difficile de prouver aujourd'hui l'existence réelle de Barbara qui vécut au iiie siècle, puisqu'elle n'est attestée par aucun document authentique tel qu'on en conserve parfois pour les premiers martyrs chrétiens. La légende s'est forgée siècle après siècle, fruit de l'imagination des compilateurs qui rédigèrent des Passions successives. À l'histoire de sa vie et de son martyre, s'ajoutera bientôt celle du transfert de ses reliques, puis de ses miracles. Au Moyen Âge, l'église soucieuse d'instruire et d'édifier le peuple chrétien, s'adressera non plus seulement à l'esprit, mais aux yeux et à l'oreille. Ainsi, toute une iconographie de la sainte se développera-t-elle dans les arts les plus divers, et la représentation des mystères offrira-t-elle la mise en scène de la vie de sainte Barbe d'une manière plus sensible et plus accessible. La contre-réforme mettra un terme à une légende qui assurait le salut à des pécheurs qui imploraient la grâce de sainte Barbe au moment de leur mort. Dès lors, on ne représentera plus que les scènes de son martyre, seules capables d'inspirer la foi » (Wikipedia).

 

Sainte Barbe est généralement représentée en jeune fille, avec la palme du martyre, elle peut porter une couronne, un livre. Une tour à trois fenêtres (en référence à son adoration de la Trinité) et un éclair constituent d'autres de ses attributs. Elle peut également porter une plume de paon, symbole d'éternité, ou fouler du pied son père qui est aussi son persécuteur.

Sainte Barbe est aussi représentée avec un ciboire surmonté d'une hostie, un rocher qui s'entrouvre pour la mettre à l'abri et un canon au projectile balistique (pour associer les canonniers). Elle est très présente dans les églises du Vexin, certainement comme protectrice contre la foudre et les incendies, et se distingue souvent par sa raideur, typique du XV°s, l’époque où la sculpture antique est oubliée, et reflète un certain primitivisme, ce qui n’est pas sans rappeler les figures totémiques des cultures animistes, où les matériaux choisis sont aussi significatifs que le travail de l’artisan qui lui donne forme humaine. Généralement adossée à sa tour, c’est la sainte elle-même qui a les qualités d’une tour imprenable.

A Vétheuil, la sainte Barbe annonce la Renaissance, avec sa pose décontractée, l’élégance de sa robe légèrement drapée. La tour n’est pas représentée, seules la couronne et la palme du martyre, associées au livre, permettent de l’identifier.