L’EGLISE NOTRE-DAME A SAINT-CLAIR-SUR-EPTE

Située sur une butte, et adossée à la falaise calcaire, l’église de St-Clair-sur-Epte était autrefois visible de très loin, avant que le tracé de la route d’accès N 14 ne soit modifié. Elle est orientée plein Nord, ce qui était courant jusqu’au XII° siècle.

Saint Clair, moine en provenance d’une famille noble de Rochester,  fuyant les assiduités d’une dame, souffrit le martyre en 884 à Saint-Clair-sur-Epte, après avoir fait œuvre d’évangélisation et de piété dans toute la Normandie, et donna son nom au village.

Saint Clair et saint Cyrin sont réputés avoir été décapités à l’emplacement de l’ermitage où ils avaient leur oratoire. Ils allèrent laver leur tête dans la fontaine, puis s’en allèrent mourir à côté de l’église, à gauche de l’autel, là où ils voulaient être enterrés. La source, miraculeuse, était réputée guérir les maladies des yeux, mais elle est désormais tarie dès qu’il fait sec.

L’histoire et l’architecture

L’église avait dit-on été fondée dès la conversion de Clovis en 497 ; le réemploi de pierres ou débris du très probable ancien temple de Vulcain est encore visible. Des tombes sont enfouies sous l’église, on a retrouvé des sarcophages mérovingiens. L’existence du prieuré, juste à côté, est attestée à partir de 841. Il dépendait de l’abbaye de Saint-Denis.

L’abside romane en cul-de-four date de la fin du XI° siècle. Le chœur et la nef, romans, étaient réservés aux moines et aux pèlerins, le fond de l’église à la paroisse. Prieuré et cure, souvent en conflit pour le contrôle et les bénéfices des reliques de saint Clair et de saint Cyrin, se partageaient donc l’église, et dans les années 1660, parfois deux messes étaient dites en même temps. L’entrée Sud fut condamnée parce que les bestiaux du prieuré rentraient librement, comme l’atteste un document, vers 1780.

Le village avait été incendié et ravagé plusieurs fois par les Normands,  même après le traité de 911 ; l’église carolingienne, incendiée en 1180, est ensuite rapidement agrandie dans le style gothique primitif ; le collatéral sud-est est bâti en style flamboyant après la Guerre de Cent Ans, à la fin du XV° siècle, la première baie à l’est est un somptueux entrelacs de pierre, décorée du plus riche vitrail à l’intérieur.

Au Moyen-Age, les reliques de saint Clair de Beauvaisis attiraient des foules de toute la Normandie ; le pèlerinage commençait le 16 juillet, et durait un mois, les pauvres dormant dans l’église. Grâce au culte de saint Clair, l’église s’enrichit et s’agrandit rapidement. Les élancements gothiques dominent l’ensemble. Des baies furent ouvertes, d’autres fermées, dans les siècles suivants. Pendant la Révolution, l’église devint Temple de la  raison, puis fabrique de salpêtre, mais reprit ensuite sa fonction. Les restaurations se sont succédées : 1836, 1882, 1913, 1953, 1959. C’est en 1938 que l’église est classée monument historique. Et c’est à partir de ce moment qu’on met à nu les éléments les plus anciens. La dernière restauration intérieure date de 1986.

Le clocher actuel, atypique, un beffroi en charpente, recouvert d’ardoise, date du XVI° siècle. La flèche octogonale, endommagée par une tempête, fut réparée entre 1980 et 1982. Dans les années 1980 que les habitants ont brusquement déserté l’église et la procession. Le porche, les pilastres et les escaliers extérieurs ont fait l’objet d’une restauration en 2006. En 2011, une carte « Sur les pas de saint Clair » a été établie avec précision.

La sculpture

Certains chapiteaux romans sont encore en place Sur le tympan, la Vierge à l’Enfant date du XIII° siècle. Les fonts baptismaux datent du XVI° siècle. A la Révolution, bien des statues ont été vandalisées ou cachées. Celles qui restent sont de grande qualité, elles sont de facture locale, et sont datées du XV° au XVII° siècle. Certaines ont été récupérées à l’Ermitage voisin. On reconnaît, à partir du fond, une Mise au tombeau, une grande Vierge polychrome souriante, saint Joseph, deux saint Roch (avec l’ange et le chien), saint Jean l’Evangéliste (grande tête), saint Pierre (avec les clés du Paradis), saint Michel (souriant) deux Vierge à l’Enfant, les évêques saint Eloi et saint Nicolas (avec les petits trois enfants qu’il avait sauvés) dont les chasubles ont des plis en bord d’écuelle, entourant le retable, deux bas-reliefs : un Christ aux Outrages et une Résurrection, et un Christ aux liens (assis) et enfin trois remarquables statues  céphalophores de saint Clair, dans sa chapelle. Un grand bas-relief d’hommage aux soldats de la Grande Guerre est surmonté d’un Christ protecteur.

A l’Ermitage, situé dans le pré du Paradis, en contre-bas du village, on peut admirer les copies de plusieurs de ces statues, présentées dans deux gracieux édifices du XVIII° siècle, non loin de la fontaine miraculeuse.

Les vitraux

La plupart sont du XIX° siècle, et sont du maître verrier Chamusseau, en particulier le saint Cyrin, l’enfance et l’Assomption de la Vierge, les scènes de la vie du Christ. La Jeanne d’Arc date de la proclamation de celle-ci patronne de la France par le pape Pie XI, en 1922. La Mort de la Vierge est signée Latteux Bazin Mesnil Saint Firmin, 1901. Dans l’abside,  la vie et les miracles de saint Clair qui guérissait « les aveugles et les âmes tourmentées » rayonnent le matin. Le vitrail commémorant le traité de 911 a été inauguré en 1912. On y reconnaît le roi Charles le Simple, son représentant (à genoux), et le chef viking Rollon, en armure. La stèle de gauche énumère les donateurs qui ont permis sa réalisation, la stèle de droite est un don de la capitale norvégienne, Christiansen, en 1912.

Les reliques

Les ossements conservés de saint Clair et de son compagnon saint Cyrin, décapité avec lui, ont été authentifiés plusieurs fois par les autorités ecclésiastiques. Fait exceptionnel, aucune autre église n’en revendique, quoique la présence de saint Clair soit attestée tout au long de son parcours en Normandie, et jusqu’à Paris (actuelle église Saint-Nicolas du Chardonnet).  Les châsses d’origine, en or, datant de 1411, étaient suspendues au-dessus de la nef. Elles ont été volées en 1793, mais les reliques ont été préservées par les habitants, et disposées dans les châsses actuelles, en bois, en 1883.

Les tableaux et peintures murales

A droite, une belle Vierge à l’Enfant classique, et un Ecce Homo, copie de Guido Reni. Le Chemin de Croix, complet, est du XIX° siècle. Sur le gros pilier à droite, une litre seigneuriale noire, où l’on inscrivait les noms des bienfaiteurs de l’église, fut découverte lors d’un ravalement ; il y a des restes de décoration à fresque sur les arcades ; pour ressentir la vitalité du culte millénaire à saint Clair, il faut imaginer toute les surfaces intérieures  polychromes, et des litres à mi-hauteur sur tous les piliers centraux. Un saint Clair, installé en 1912, perd rapidement ses couleurs.

Le mobilier

L’autel du Sacré Cœur, sur le mur de droite, date de 1681Il comporte un autel de forme « tombeau », un retable à gradins et l’entablement est soutenu par deux colonnes corinthiennes. Le confessionnal en chêne, à trois loges est de la fin du XVIII° siècle. La chaire est en chêne, elle est surmontée d’un abat-voix représentant le soleil. Les stalles se trouvaient jadis dans le chœur. Réservées aux dignitaires ecclésiastiques, elles leur permettaient de s’appuyer tout en conservant la station debout. Le banc d’œuvre, plus rustique, était réservé aux marguilliers, c’est-à-dire au Conseil de fabrique, le groupe des notables qui gérait jusqu’en 1905 le patrimoine de l’église. L’autel de la Vierge provient de l’Ecole normale de Versailles, et a été installé en 1883..Les bancs face au retable de la Vierge avaient été faits par un menuisier local pour le réfectoire des soldats allemands pendant la guerre de 1939-45.

Contact pour visiter l'église : eglisedesaintclair@yahoo.fr, 0683355436

 (Voir aussi la section : Curiosités, sur les représentations de saint Clair et ses reliques, et la section Le Vexin par nos textes, pour sa légende)