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Messire Dieu premier servi, ce que disent les saintes Jeanne d'Arc de nos églises.

"Messire Dieu, premier servi" : ce que disent les saintes Jeanne d’Arc de nos églises.

(L'Écho des Vallées n° 142, avril-juin 2024)

 

 

[Jeanne d'Arc (Domrémy, 1412 - Rouen 1431) est présente dans l’immense majorité des églises de France, Elle a été canonisée en 1920, et déclarée patronne secondaire de la France en 1922, après la sainte Vierge. Jeanne d’Arc est fêtée, depuis une loi de 1920, le deuxième dimanche de mai, dans le cadre de la Fête du patriotisme, tant par les laïques que par les catholiques, en souvenir de la délivrance de la ville d’Orléans. La ferveur pour Jeanne d'Arc fut intense à l'issue de la guerre de 1870 et de celle de 1914, comme divinité guerrière, et parce que, comme le signale Mgr. François Bousquet, curé de Magny-en-Vexin, de nombreux prêtres s'étaient portés volontaires pour servir de brancardiers dans les tranchées : cela créa la grande fraternité entre républicains voire athées, et catholiques, qui revit chaque année dans les "fêtes johanniques" du mois de mai.

 

 

Ce sont des écrivains étrangers (Shakespeare puis Schiller, avant Mark Twain et Bernard Shaw), et des anticléricaux (les romantiques, Jules Quicherat puis Jules Michelet, les révolutionnaires puis Alexandre Dumas) qui ont été les premiers à s’enthousiasmer pour son histoire. Ni Corneille ni Victor Hugo ne se sentirent de taille pour l’aborder, contrairement à Lamartine. Puis son image envahit la sculpture avec les interprétations de la princesse Marie d’Orléans, Jeanne en prière, 1830 (au Château de Versailles) ; François Rude (Jeanne écoutant ses voix, 1845-1852, Musée du Louvre, Paris) ; Michel-Antoine Chapu, Jeanne en prière, 1870 (Musée du Luxembourg, Paris) ; Denis Foyatier, la statue équestre d’Orléans, Place du Martroi, 1855 ; Emmanuel Frémiet, la  statue équestre de la Place des Pyramides, Paris, 1880 ; Prosper d’Épinay, 1901, dans la Cathédrale de Reims ; Louis-Ernest Barrias, Jeanne d’Arc prisonnière, 1903 (Mémorial de Bon Secours) ; Vital-Gabriel Dubray, Jeanne dans sa prison, bas-relief sur la statue équestre de Jeanne d’Arc à Orléans ; Paul Dubois, au Centre Jeanne d’Arc (Orléans) ; Edme-Étienne François Gois, début XIX° s, au Centre Jeanne d’Arc (Orléans) ; d’un sculpteur inconnu, Jeanne d’Arc en armure et coupe en sébile (Cathédrale de Strasbourg), 1937, etc. Elle est présente aussi en Angleterre, depuis 1922, dans la cathédrale de Winchester (œuvre de Lord Nimian).  L’attirail militaire de Jeanne est en général celui des années 1430, casque, cotte de mailles, bannière, épée brandie, évoquant pour certains une Walkyrie wagnérienne. ]

À l’aube du XX°s., l’image de Jeanne d’Arc envahit la sculpture. Il y avait quatre « sainteries » (manufactures de statues religieuses) à Paris, dans le quartier de St-Sulpice, qui travaillaient sur commande, et produisirent des milliers de Jeanne d’Arc, avec des variantes à la demande, dans la position des bras, ou des attributs. Mais la désaffection pour Jeanne d'Arc commença peu avant 1940, et ces fabriques disparurent toutes dans les années 1960; et beaucoup des œuvres, en plâtre, fragiles, abîmées, ou injustement déconsidérées furent remisées ou détruites.                                                                                                                                                                                              MP.

 

Note : Je dois l'essentiel de mes trouvailles à l'amabilité et à la compétence de Mme Chevalot, de la "Maison de Jeanne d'Arc" à Orléans, qui m'a fait découvrir deux ouvrages introuvables autant qu'inestimables: La statuaire johannique du XVI° au XX° s., 2 t., par Bernard Mugnier, et Charles Desvergnes (1860-1928) Un statuaire originaire du Loiret sous la III° république, par Charles Blieck, éd. Centre-Val de Loire, Ministère de la Culture. Je dois les informations les plus générales à M Google et à Mme Wikipedia, comme de juste.

 

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